La coopérative de Bras Panon s’associe à des cultivateurs de vanille bretons pour un partenariat innovant. Le savoir-faire des deux régions fait l’objet d’échanges afin d’améliorer leurs filières respectives.
De la vanille bretonne ? Ça existe. L’idée de cultiver l’orchidée sous serre a germé dans l’esprit de producteurs des Côtes d’Armor en 2019, par souci de diversifier leur activité dans un contexte de « crise de la tomate ». En prenant bonne note des méthodes ancestrales réunionnaises et en y ajoutant la modernité technologique, les maraîchers de l’Ouest métropolitain ont réussi leur pari. Le premier millésime 2024 100% « Breizh » a offert une vanille brune, grasse, riche en vanilline et parfumée, comme sont venus fièrement le présenter Pierre Guyemard et Simon Le Coz, planteurs bretons.
Un concurrent pour la filière réunionnaise ? Plutôt un partenaire ! «En voyant ce que les Bretons ont été capables de faire en volume et en qualité, nous avons été estomaqués ! Depuis leur téléphone, ils sont capables de piloter leur serre», applaudit Willy Boyer, président de Pro Vanille, la coopérative de Bras-Panon. Un accord exclusif entre l’entité locale, acteur historique de la culture et de la transformation de la vanille à La Réunion, et la coopérative Prince de Bretagne, a ainsi été conclu. Cette collaboration a pour but via des échanges réguliers entre planteurs, de promouvoir l’expertise artisanale et de renforcer l’offre de vanille de qualité sur le marché européen.
Savoir-faire ancestral et avancées technologiques
« Nous n’allons pas remettre en cause nos acquis qui nous ont permis d’être labellisé IGP (indication géographique protégée), précise Jimmy Péribe, directeur général de Pro Vanille. Le but est d’amener des compétences pour continuer de répondre au marché local. »
Ces échanges porteront sur les meilleures pratiques en matière de plantation pour l’un, et de méthodes de séchage et de maturation pour garantir une vanille d’une qualité exceptionnelle pour l’autre.
« Nous ne venons pas apprendre aux Réunionnais comment cultiver la vanille, ajoute pour sa part Frédéric Lageat, technicien breton. Nous découvrons cette culture, nous commettons donc des erreurs que nous comparons avec les résultats de la Réunion et ce, afin d’arriver ensemble à un itinéraire technique performant. » Le futur centre technique qui doit voir le jour en 2025 à Bras-Panon, au coeur du Parc de la Vanille et des Orchidées, servira de laboratoire. «La vanille fait partie de notre patrimoine et je salue l’intelligence de ce partenariat qui, sans se détourner de notre passé, va nous faire gagner des années et sécuriser notre production », se réjouit le maire de Bras-Panon, Jeannick Atchapa.
En combinant leurs forces pour redéfinir les standards de cette épice précieuse, les deux coopératives entendant sauver une filière en danger face aux aléas climatiques.